HUMANISER LA MONDIALISATION
Ce nest certainement pas un hasard si le terme mondialisation est la traduction du mot anglo-saxon globalisation...
Cette expression a été utilisée pour la première fois dans les années 60 et a réussi à simposer définitivement une trentaine dannées plus tard, à la suite des changements brutaux intervenus dans léquilibre mondial. Après la chute du mur de Berlin et léclatement de lURSS, le triomphe apparent du libéralisme, autre façon dappeler le capitalisme, ainsi que laccélération des nouvelles technologies ont conduit les Etats Unis dAmérique à imaginer un nouvel ordre mondial où les notions de mondialisation et déconomie seraient étroitement associées.
Au début des années 1990, la mondialisation sest ainsi identifiée au mouvement de recomposition dun système global qui réduit le rôle de létatnation au profit dun réseau de firmes transnationales et dinstitutions internationales telles que lOrganisation Mondiale du Commerce, le Fonds Monétaire International ou la Banque Mondiale, sur lequel ne sexerce aucun contrôle démocratique. Il est à relever en effet que si daucuns sefforcent de faire croire que capitalisme est synonyme de démocratie, les entreprises privées ne sont nullement des entités démocratiques, puisque leurs dirigeants ne sont pas élus et ne doivent leur pouvoir quà largent, le leur ou celui de leurs mandataires
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Elément fondamental de la mondialisation néolibérale, la privatisation nest en aucun cas une condition de la démocratisation, comme en témoigne le fait quil y a peu de temps encore des pans entiers de lé conomie de certains pays dEurope occidentale, dont la France, étaient sous le contrôle de létat, sans que personne ne puisse contester le caractère démocratique de ces pays, ni dailleurs leur efficacité économique.
Avec ses efforts pour tout privatiser, la mondialisation néo-libérale se construit en vérité sur lexclusion et la banalisation dinégalités croissantes sur tous les plans, laissant de côté les deux tiers de l'humanité les plus pauvres et les plus démunis et imposant de surcroît une culture unique et une seule langue, l'anglo-américain.
Cest dans ce contexte difficile et complexe que l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) sest engagée résolument en faveur dune nou-
velle forme de solidarité internationale; luttant pour la préservation de la diversité culturelle et linguistique, et donc du patrimoine mondial, afin de contribuer à créer les conditions dun dialogue reposant à la fois sur la tolérance et la réduction des inégalités. Lenjeu est capital pour lhumanité toute entière, bien au-delà des pays qui ont la «langue française en partage». Il sagit notamment, de distinguer léconomie de marché, qui pour être efficace doit être contrôlée et équilibrée par un pouvoir politique fort, de la notion de «société de marché», qui implique une vision exclusivement marchande des relations internationales, où tout serait à vendre, y compris la santé, léducation et la culture. Aujourdhui, la Francophonie et les valeurs quelle véhicule, au-delà de la seule langue française, constituent lun des seuls contrepoids possibles face à cette mondialisation débridée, qui tend à uniformiser la planète entière sous la domination dune superpuissance unique ne tenant compte que de ses seuls intérêts économiques et politiques.
La France, pays de la Liberté, de lEgalité et de la Fraternité, est la mieux placée pour être la locomotive de ce projet global qui vise à défendre la
diversité culturelle et le plurilinguisme. Promouvoir la francophonie revient donc à défendre lidée dune organisation du monde sur un modèle multipolaire marqué par la démocratisation des relations internationales et la concertation multilatérale entre les nations, à préconiser de nouvelles formes de coopération et à uvrer, en fin de comptes, pour rendre la priorité à lêtre humain. Car selon la formule consacrée, cest léconomie qui doit être au service de lhomme et pas le contraire.
Lextrême diversité de la Francophonie - du Québec au Vietnam et du Congo à la Moldavie, en passant par la Suisse et le Liban - est loutil par excellence qui permet de continuer le dialogue, de poser les bonnes questions et de trouver les réponses appropriées. «La diversité implique le respect des identités, elle induit cette notion fondamentale de dialogue et de reconnaissance de lAutre, qui est le fondement de la démocratie et de la paix» a souligné Boutros Boutros-Ghali, le Secrétaire général de lOrganisation internationale de la Francophonie (OIF).
LOIF sest imposée sur la scène internationale et a été consacrée à lunanimité par lAssemblée générale des Nations Unies en 1998. Le temps est
venu pour elle de saffirmer et de prendre une place plus importante sur la scène mondiale, non pas pour mener une quelconque croisade opposant le français à langlo-américain dominant, mais bien pour contribuer à défendre la diversité linguistique et culturelle de lhumanité contre les velléités totalitaires de la «pensée unique» et de la «langue unique» qui lui sert de vecteur. Pour, en quelque sorte, humaniser la mondialisation
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Margareta Stroot,
Vice-président
de la Section moldave de lUPF